Journées du patrimoine ?
Dans l'absolu, la logique voudrait que je profite de ce dimanche de liberté pour entreprendre un marathon patrimonial. Disponible pour la première fois depuis huit ans pour aller visiter des lieux habituellement fermés au public, je me précipite... dans le jardin !
Cela fait du bien de reprendre en main ma vie à moi. Mettre la lavande à sécher, ramasser les noisettes, cueillir les framboises, ratisser l'herbe ou retourner le compost, toutes activités réjouissantes lorsqu'on a passé les trois dernières semaines en mode panique !
Ame sensible, tu en conclueras, et tu auras raison, que la médiathèque est donc fermée ce dimanche de portes ouvertes de la culture, et tu auras raison ! Tant qu'à te déconfir, sâche que les dimanches curieux sont les victimes co-latérales de cette diminution du nombre de dimanches ouverts au public.
Pour garder le sourire (mais si, c'est possible !) voici une photo des journées du patrimoine de 1991. Démonstrations du système de recherhce transpac dans la salle de bibliographie de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. C'était au XXe siècle...
Le grand saut !
Il fallait bien que ça arrive... Conférence de presse, discours, buffet...
Face à l'assistance, mes chocottes sont de la même couleur que le vernis à ongles : bleues !
Mais pourquoi les autres intervenants ont-ils toujours une feuille à la main ? Pour ne pas dire de sottises ? Personnellement, j'ai tellement peur que je n'arriverais même pas à déchiffrer quoi que ce soit...
Le plus dur est passé, on peut se détendre et blablater...
Les premières visites, jamais faciles. Il faut trouver le tempo, les bonnes accroches... et tenir la montre : 45 minutes chrono ! Les premières questions, toujours redoutées... Et finalement laisser le public s'approprier l'espace.
Flux continus durant toute la journée. Recrudescence de lumbago à Quimper...
Bref, ce furent trois jours émotionnants ! Maintenant, il n'y a plus qu'à profiter pendant trois mois.
Le nez en l'air...
Sur le chemin du boulot, lever les yeux au ciel, ne pas voir le faucon pélerin qui virevolte aux alentours des flêches de la cathédrale, mais croiser le regard de Morvac'h, le cheval du roi Gradlon...
Ame sensible, savais-tu qu'il baissait la tête afin que la statue du roi reste visible depuis le parvis ? Oui, tu le savais déjà...
Dernière ligne droite...
Encore une petite journée de rien du tout...
Ame sensible, tu vas me dire qu'on approche de la fin de l'isntallation. En même temps, c'est plutôt une bonne nouvelle : la première présentation de l'expo c'est ce matin à 9 heures et c'est pour les professionnels du patrimoine...
Comment ça, il faut desserrer les machoires pour parler ?
Marathon logistique...
De bon matin, tout déplacer pour rendre acessibles les cloisons. La pause des adhésifs géants, des filtres sur les vitres et des titres a pris une grande journée.
Profiter du dernier rayon de soleil pour se réjouir des affiches numériques avant d'aller redéplacer les vitrines, fignoler leur contenu et les fermer définitivement en vérifiant une ultime fois qu'elles sont cohérences avec les cartels.
En toute fin d'après-midi, les deux panneaux de texte et la mozaïque ré-troéclairée sont également en place.
Manquent encore le titre sur la porte vitrée, la forêt de clochers et l'immense titre qui habillera le kiosque. Mais ceci est une autre histoire...
Trop tard...
Il n'y a plus rien à espérer de mon pauvre équilibre mental, si toutefois il m'en restait encore un chouilla... Même une trépidente journée comme celle du lundi, en tout point palpitante(depuis la lessive, en passant par les courses et le ménage) ne m'a pas distraite de mon obsession du moment : je suis très officiellement en mode "panique" !
Alors, inutile de lutter : courons plutôt après ce parasol -bleu- en chantant à tue-tête "I want to be free" avec Freddy Mercury...
Obnubilée...
Même quand je me fais les ongles, je pense à l'expo !
Depuis quand tu mets du vernis ?
Depuis que je voudrais avoir les mains du bleu exact des cyanotypes pour le vernissage. Alors j'essaie tous les bleus de Groona. J'veux bien éviter les paillettes. Et celui couleur lagon...
Ne me dis quand même pas que tu vas mettre une robe ?
Si.... Et même (peut-être) la repasser. A voir...
Où en sommes-nous ?
Une deuxième semaine de montage tout en opérations techniques.
Le niveau laser pour aider à aligner les cadres sur les cloisons.
Un premier test de projection du diaporama qui permet de déceler les moindres imperfections et une magnifique coquille.... qui n'est rien à corriger. Le plus long ayant été de localiser précisément la trentaine d'édifices présentés.
L'accrochage des cadres terminé confirme le bien fondé du dispositif en créneaux.
Quelques configurations nous donnent du fil à retordre. Les cadres, immenses, sont difficiles à manipuler et nous décidons de préparer la disposition et prendre les mesures sur le sol. Il y a même quelques aménagements inévitables : une pièce en moins, deux formats de cadres intervertis... le tout pour une meilleure organisation de l'espace.
Le puzzle suivant, plus petit mais non moins complexe, consiste à répartir les cartels (sans se tromper...) et à les coller (droits...) à côté de chacun des 65 cadres.
La semaine se termine par deux après-midi consacrées à mettre au point notre numéro de duétistes éclairagistes. Quand l'une se contortionne au sommet de la girafe, l'autre lui tend à bout de bras les spots, court alumer puis éteindre la lumière au gré des besoins. Puis toutes les deux déplaçons à grand peine le gigantesque appareil avant de reprendre l'opération au niveau du rail suivant. Et ainsi de suite.
La pression monte et le temps restant comparé à tout ce qu'il y a encore à faire n'aide pas à la sérénité. Ame sensible, naie pas de doute, nous allons y arriver !
Détails...
Je n'allais quand même pas me promener à travers les rues de Quimperlé sans m'arrêter à l'abbatiale Sainte-Croix !
Seule une petite partie est visible, le reste du bâtiment étant enclavé dans le cloître ou dans l'enceinte de la gendarmerie. J'avoue avoir légèrement enjolivé la réalité, non en modifiant l'architecture, mais en faisant disparaître d'un coup de baguette (clavier ?) magique les énormes ca bles électriques ainsi que les voitures garées...
L'intérieur est déroutant par la symétrie des lieux.
Le plan d'évacuation m'explique la chose : l'église est construite suivant un plan en forme de trèfle.
Passant sous le choeur surélevé, je retrouve la "mise au tombeau" restaurée que Jean-Marie Abgrall avait photographié vers 1900.
Quelques panneaux didactiques relatent l'histoire de l'abbaye.
Cette photographie, appartenant à la collection de l'évêché, a été prise après l'effondrement du clocher en 1862. Elle ne m'est pas inconnue. Mais oui, je l'ai vu gravée dans un des articles parus dans la presse de l'époque ! Tête de linote...
Mais pourquoi cet intéret particulier pour Sainte-Croix, alors même que ce n'est pas Abgrall qui l'a restaurée. Cela semblerait de toute façon anachronique, en 1862 il n'avait que 18 ans. Ame sensible, ne te sens pas perdue, on reste en terrain connu : c'est papa Bigot, aidé de son fiston, qui s'est chargé du chantier.
La nette séparation entre la tour carrée et le bâtiment circulaire n'est visible que d'un seul endroit. Pourtant, elle est cruciale pour notre affaire. Deux bâtiments, deux architectes, à deux périodes différentes.
En effet, les plans de projets trouvés dans les archives, plans qui me baladent allègrement depuis le début des recherches, sont datés de 1902 et représentent la tour isolée, le beffroi. Ame sensible, tu me diras : Tout ça pour ça ?
Mais ce n'est pas fini : tu constateras par toi-même que le projet de clocher, surmonté d'une croix, ne coïncide pas à la réalité. Sur la photo prise la semaine dernière, on voit, sans doute possible, que le clocher est surmonté d'un campanile se terminant par un bulbe. Une tour carrée ? un clocher à bulbe ? 1902, en pleine engouement néo-oriental ? Hiiiii... Notre clocher inconnu serait-il démarqué ? Ne nous emballons pas, nos précédentes spéculations se sont soldées par des déconvenues.
Enfin, quitter la basse ville de Quimperlé en ayant le plaisir de reconnaitre, dépassant au dessus des toits, le clocher, l'abbaye et le beffroi de Sainte-Croix.