J'aime lorsque Pouma voyage. C'est toujours une aventure. Un vrai feuilleton haletant que je suis avec intérêt par messages interposés...

Samedi, 11h37. J'ai fait la vaisselle et les courses, pendu la lessive et suis en plein brossage des rebords de fenêtres pour en décoller le lichen, juchée sur un escabaud, lorsque je reçois :

"C'était pas gagné étant donné que j'ai raté mon bus, mais je suis dans le premier train !"

12h54. Salade composée dans le jardin ,à l'ombre du noyer.

"Je pense que ce trajet sera mémorable !"

Quand tu penses aux antécédents picaresques de Pouma, ça promet d'être folklorique...

13h06. "J'ai un paquet de jambon ouvert à côté de moi, des enfants qui hurlent, un couple qui se balade avec des balais et un tabouret, un mec qui demande un tire-bouchon à tous le monde et une femme en train de raconter comment elle a menacé un exhibitionniste avec son couteau en Sicile (celui-là même qui lui sert à faire ses tartines, bien sûr)".

Début d'après-midi, installée à bouquiner à l'ombre du parasol, les animaux sommeillent, les insectes vrombissent...

14h08. "Ils annoncent maintenant que finalement le train n'ira pas plus loin que Perpignan, donc ce sera surprise pour la suite du voyage une fois arrivée là-bas !"

14h51. "Bah à Perpignan ils ne savent pas non plus. Oh joie."

15h02. "Je vais jusqu'à Cerbère et on verra là-bas si je peux arriver à Portbou à l'heure pour avoir ma correspondance".

Mise en route du débroussailleur, pour faire propret le jardin...

15h58. "Bon, je suis dans un bus probablement plus vieux que moi, sans clim avec des toiles d'araignées partout, il n'y a aucune chance que j'aie ma correspondance mais au moins il y a une belle vue étant donné quon longe la côte !"

Je ratisse l'herbe tondue...

16h46. "Elles me fatiguent, ces routes qui zigzaguent..."

Je ramasse et plie le linge sec...

Finalement, elle aura eu sa correspondance grâce à un sympathique chauffeur de bus et sera arrivée sans encombre quelques heures plus tard. Où-ça ? Oups ! Je ne sais plus... Au sud, bien plus au sud.

J'adore ces journées à deux vitesses où nos univers se télescopent. Tiens, pour la peine, je t'ai fait un p'tit collage voyageur. Ame sensible, je ne sais pas pour toi, mais moi je l'ai trouvé serein ce trajet. Pas d'avion en panne, de vache sur la voie ni de bagage perdu... Si les filles mettaient bout à bout leurs aventures, cela donnerait un "road movie" burlesque !

Vivement vendredi, Groona fait l'emblématique "Bordeaux-Nantes-Rosporden", la ligne de tous les possibles...

Ce mois-ci, j'ai voulu me lancer dans la lecture du Journal de charles Juliet. Commencé en 1957, il le poursuit encore aujourd'hui. Le tome 7 est paru. Je l'ai lu par petits bouts, le midi sur un banc, au soleil... De magnifiques phrases, mais d'une teneur vraiment sombre. Très, très sombre. Pour les volumes suivants, on verra plus tard !

 Le Koala tueur et autres histoires du Bush, de Kenneth Cook (désolée Rose, ne te sents pas visée). Un recueil de nouvelles toutes plus farfelues les unes que les autres avec comme point commun des animaux pas toujours gentils gentils. Koala, serpent, crocodile, cochon furibond (si!), dromadaire, chat, chien... une vraie ménagerie, un rien féroce.

 La tyrannie de l'arc-en-ciel, de Jasper Fforde (avec deux F). Conseillé par le Cercle des bouquineuses compulisives anonymes, je me suis laissée convaincre, mais en français. Dans une société régie par la couleur, les personnages se répartissent par castes. Leurs noms, une vraie gamme chromatique : Violette, Pourpre, Mauve, Cramoisi, Fushia, Lapis-lazuli, Turquoise... ça m'a d'ailleurs un peu perdu (Mais non, bébé Ogre, toi, je ne te confonds pas). L'intrigue nous fait partager le quotidien d'une société post-je ne sais quoi en pleine régression, avec quelques trouvailles sympathiques, comme cette perpétulite, un revêtement routier auto-nettoyant...

Ma fixette colorée n'est pas passée pour autant, le bleu, quel qu'il soit, toujours pas digéré. Puisqu'il faut revoir notre philosophie professionnelle, pourquoi ne pas classer les ouvrages en fonction de la couleur des tranches ?

Ame sensible, tu vas rire, mais Le dernier ouvrage de Christopher Moore vient de sortir en français aux éditions Equateur, et il me fait bien envie. Il s'agit d'une enquête dans le milieu de la peinture impressionniste autour d'une mystérieuse couleur, le... Sacré Bleu ! Finalement, je vais attendre un peu avant de le lire...

Mon nouveau jouet ? Un podomètre ! Et pas n'importe quel podomètre. Un podomètre 3D. Celui qui compte les pas, TOUS les pas. Même les marches. Et calcule tout seul la distance parcourue pourvu que tu lui avoues la longueur de ta foulée.

Par exemple, cette semaine, j'ai parcouru en moyenne 14000 pas par jour. Sachant que j'ai une grande foulée, plus longue que la moyenne, entre 80 et 90 cm en promenade, on obtient une distance de 11,2 kilomètres. Mais il faut pondérer car, hormi le trajet voiture-boulot-voiture, dans une journée tous les pas ne sont pas une foulée. Je mets de côté mes 4 km de déambulation urbaine et divise le reste par deux. Boaf. 7,5 km. Pas de quoi fouetter un chat.

Lundi, grosse journée, 17000 pas. A peine 9 kilomètres ? Sachant qu'un seul aller-retour direct bureau-espace d'accueil m'en coûte 200 mètres (c'est le plan qui le dit)... et un tour complet des espaces patrimoine ? Un p'tit kilomètre. Mieux vaut ne rien oublier en chemin... et réserver le podomètre aux "vraies" promenades !

Ame sensible, tu me l'accorderas, sans pouvoir prétendre faire partie de la catégorie des femmes actives ou autres "working gilrs" ma semaine a été quand même un peu fatiguante. Et agaçante. Le podomètre ne pèse pas les bouquins manipulés et ne baffe pas les têtes à claque.

Voici déjà quelques mois que je ne suis pas montée sur le mont Frugy. Tu sais, cette colline qui culmine à 70 mètres, le long de l'Odet.

Oui, celle-là.

Déjà boisée dans les années 20 comme on le voit sur cette photo prise depuis une des flèches de la cathédrale. Jusqu'au XVIIIe siècle, c'était une lande pelée où les lavandières faisaient sêcher leur linge. Les premières tentatives de plantation forestière datent du début du XVIIIe siècle, mais ce n'est qu'au XIXe que les quimpérois découvrent le pittoresque du "grave Mont Frugy" come l'appelle Jean-Marie Abgrall dans son "Quimper à vélo", petite pépite de guide touristique...

Ame sensible, tu te demandais quand il ferait son entrée, celui-là...

Jean Savina lui trouve,quant à lui, "l'attitude sereine d'un monstre accroupi qui regarde la cité".

Au cours de l'ascension, pourvu que tu penses à te retourner, tu as une vue panoramique sur l'embouchure du steir là où il se jette dans l'Odet, avec en contre-bas la place de la Résistance et son parking.

Au mois de mars dernier, depuis le sommet la vue embrassait toute la ville... quand toutefois les frondaisons n'étaient pas trop denses.

Aujourd'hui, le feuillage a bien poussé et on se trouve visuellement isolé de la ville.

Tranquillement installée sur un banc au milieu de cette forêt verticale, tous les bruits urbains me parviennent. Et justement, aujourd'hui, le trafic est dense. Klaxons, sifflets de la police, cris, bruit des moteurs. Mixés avec les gazouillis des oiseaux, cela donne une drôle de bande son décallée, comme ces compositions sonores favorisant la concentration...

Une fois au sommet, l'immense plateau, autrefois champ de manoeuvre, est aujourd'hui devenu un qartier pavillonaire.

Ame sensible, retiens l'adresse, car la montée des 286 marches est une bonne soupape de décompression en cas de péniblomètre en zone rouge. Des escaliers ? Nous en reparlerons...

Je ne sais pas pourquoi (enfin, si !) mais subitement, je grogne dès que les mots "bleu" ou "chaise de jardin" arrivent à mes oreilles. Pour le mobilier de jardin, la gêne occasionnée est minime, mais la couleur bleue, elle, est partout...

Pas de chance, les jardiniers de Quimper ont justement été inspirés par le bleu. Ma fois, n'y aurait-il pas moyen de contourner le problèmes en utilisant un autre terme ? Après tout, en breton, un même mot "glaz" désigne indifférement le bleu et le vert. Fausse bonne idée ! Je ne te l'ai pas précisé, mais les chaises de jardin incriminées sont... vertes.

Heureusement, il reste toujours les tasses à café.

Je t'ai perdu ? Boaf. Pas grave. C'était un subtile et vibrant hommage à un certain film des années 80 que les filles ont regardé en boucle jusqu'à en user la bande VHS, n'est-ce pas Mimi-Siku ?

Ame sensible, laisse-moi le temps de bougonner et récriminer tout mon saoul. Demain, c'est promis, on ira se promener !

Pendant que le chambardement des collections continue joyeusement, souvenons-nous d'une jolie virée...

Comme promis, voici Plas ar Horn, au sommet de la montagne de Locronan, enfin visité !

Au premier plan, la croix est un vestige de la chapelle précédente. La chaire, elle, a été raccourcie de moitié. Construite à l'époque de la première chapelle, toutes deux étaient massives et se convenaient l'une à l'autre. Ame sensible, ne t'y trompe pas ! Tu as raison de reconnaître Pouma au second plan. Pourtant, dans la vraie vie, elle est repartie la semaine dernière. Paradoxe spacio-temporel.

Cette chaire, un rien massive, se trouva être plus haute que la nouvelle chapelle, de taille plus modeste que la précédente, ce qui lui valut d'être privée de la porte par laquelle l'officiant accèdait au balcon ainsi que de la statue de Saint-Ronan qui la coiffait.

Pour te donner une idée, voici le projet sur calque ainsi  qu'une carte postale de l'époque. L'édifice mesurait 6 mètres de hauteur, il n'en fait plus que 2 aujourd'hui.

Ame sensible, tu remarqueras aussi combien cette montagne (289 mètres !) est boisée. C'est pourtant depuis ce sommet que l'ami Abgrall pouvait embrasser d'un regard toute la région, comptant alentours jusqu'à 20 clochers... Aujourd'hui, il faut se jucher en équilibre sur un muret pour apercevoir la presqu'île de Crozon.

Regarde, en 1911, l'ancienne chapelle au milieu de rien. On aperçoit aussi la chaire à prêcher.

Ai-je besoin de te souffler le nom de l'illustre architecte qui a commis cette chaire en granit ? Je dirais bien 1887, pour la date de construction, mais je n'en suis plus sûre.

A regarder les messages précédents, c'est vrai qu'on pourrait me croire tous les jours en vacances. C'est presque vrai, après tout, on est en Finistère, mais pas complètement vrai quand même. Je te livre quelques-unes de mes astuces pour avoir l'air encore plus diléttante que je ne le suis...

D'abord, raconter une jolie promenade d'une heure occupe deux ou trois épisodes. Un peu plus lorsqu'il s'agit de peinture... Avoir aussi un certain nombre de thèmes et de photos en stock, pour les cas d'urgence. Et puis surtout, user et abuser de la planification anticipée. Grace à cet outil magique, les articles se publient tous seuls jour après jour...

Par exemple, aujourd'hui, je voulais reparler d'une virée à Locronan. Mais finalement, ça attendra demain, je vais d'abord te raconter mon lundi. Tu sais, le sacro-saint lundi chômé des bibliothécaires. Le seul jour de la semaine où nous sommes sûrs de ne jamais travailler. Et bien, parfois, ça rate.

Si certain(e)s se sont amusé(e)s à empiler quelques ouvrages sur les passerelles, d'autres ont tout déclassé et mélangé. Et nous ? Je veux dire, et au patrimoine, nous nous amusons à quoi ? D'abord à entièrement vider notre espace d'accueil dédié aux collections cornouaillaises, ensuite à videz notre deuxième espace d'accueil, dédié lui aux livres anciens. Est-ce à dire que nous n'acueillerons plus de public ? Pas tout à fait...

Pendant ce temps, le mur bleu glazik se métamorphosait en mur blanc, juste blanc.

Et finalement, à la fin de la journée, notre mobilier et les collections qu'il contient étaient remonté et installées dans un troisième espace, lui aussi entièrement vidé pour l'occasion.

Ame sensible, réjouis-toi, ça va être comme ça toute la semaine parce que le réseau informatique est en maintenance et que sans ordinateur et sans public, les bibliothécaires paniquent et mettent le foutoir dans les collections...

D'abord deux photos inutiles que je trouve bien trop jolies pour rester oubliées au fin fond du sous-sous dossier perdu dans un recoin de mon ordinateur...

Ensuite, deux maisons anciennes croisées à Grignallou. La première avec sa cloture en granit caractéristique des "pierres debout" de Tregunc.

La seconde a des ouvertures en accolades qui pourraient bien dater du XVIe siècle.

Et pour finir, l'une des nombreuses épaves envasées dans les anses de Pouldohan.

Ame sensible, tu me l'accorderas, une prochaine visite s'impose, rien que pour le cimetère à bateaux, mais un jour où la lumière sera plus nuancée...

Je reprends le sentier côtier là où  je l'ai abandonné l'an dernier. A partir de Pendruc, à l'Ouest de la pointe de Trévignon, je projette de longer les plages et les criques de Pouldohan jusqu'à l'embouchure pour longer un des bras de mer, celui qui remonte à l'ancien moulin à marée.

La côte est si découpée qu'il est difficile de savoir où je vais. C'est de toute façon magnifique.

Si la première partie du parcours était un peu trop humanisée à mon goût, alternant belles batisses, parkings aménagés et accès aux plages, dès rejoint le tronçon de sentier côtier qui serpente le long des vasières, la densité humaine s'estompe...

Au loin enfin le moulin recherché. Une fois la digue atteinte, je serais bien allée voir encore un peu plus loin, mais l'heure tourne et il est temps de faire demi-tour.

De retour à la pointe de Grignallou, on aperçoit au fond la baie de la Forêt.

Et pour finir, rejoindre la côte, ses plages et... Tiens, il n'y a plus personne ! Normal, c'est l'heure du déjeuner.

Ame sensible, si tu es tentée, équipe-toi d'une bonne dose de tolérence à l'égard des panneaux supposés aidés à rester sur le sentier. Mais ça commence à devenir une habitude. Et puis, je ne me suis pas perdue, alors...

Ame sensible, tu excuseras cette interruption momentanée de nos élucubrations Menez Brisiennes, mais il fait beauuuuuuuu ! Non pas que ce soit exceptionnel, mais ce serait dommage de ne pas mettre les pieds dans l'eau !

Le temps quand même de se rappeler que les premiers bains de mer, dans les années 1830, n'étaient pris que sur prescription médicale. Et encore, pas trop longtemps, les constitutions fragiles ne devant pas tremper plus de 5 minutes...

Oeil de lynx, tu auras reconnu Saint-Malo et Douarnenez...