Et chacun de regagner ses pénates pour l'automne...

Pouma voyage, avec ses bagages constitués à 99% de livres. Heureusement qu'en train, le poids n'est pas limité ! Ame sensible, rassure-toi, elle a pu caser quelques vêtements, son retour n'étant pas prévu avant Noël... Comment ? Tu ne verras même pas l'expo ! Mais si, le 24 décembre, le tout dernier jour avant fermeture !

Malgré une passion immodérée pour l'architecture religieuse finistérienne du XIXe siècle, j'ai profité des vacances pour bouquiner "léger" et faire quelques heureuses découvertes littéraires.

 L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa, de Romain Puertolas, dont on a beaucoup entendu parlé et que Pouma m'a offert. Parce qu'on a tendance à s'offrir mutuellement des trucs décalés, ses lectures à elle étant aussi très prescrites et contraintes. Si la presse littéraire en a fait des éloges à base de superlatifs, je n'ai personnellement pas été si enthousiasmé que ça. D'une lecture agréable (et rapide !), tout est fait pour faire sourire le lecteur. On se croirait chez Legardinier, cela dit sans critique, c'est efficace et on passe un bon moment.

  Intrigue à Giverny, d'Adrien Goetz. Encore une enquête de Pénélope dans le milieu de l'art. Cette fois-ci chez Monet, on l'aura deviné. Je ne me lasse pas de ces pseudo-polar qui enchevêtrent habillement art, histoire et actualité. Ici, c'est Claude Monet, Georges Clémenceau et le mariage princier d'Albert de Monaco qui sont liés par la magie de l'érudition d'Adrien Goetz. J'aprécie aussi que ses romans soient suivis d'une vraie bibliographie commentée.

 Carnaval, de Ray Célestin. Dans une très belle édition empruntée à Pouma. La collection s'appelle "Thriller", ce qui aurait tendance à me rebuter, mais il n'y a rien d'horrible mis à part le meutre au départ de l'intrigue. La Nouvelle-Orléans en 1919 à la veille de la prohibition, le jazz, la ségrégation, le bayou. Très bien goupillé et joliment écrit.

Ame sensible, si tu restes un peu sur ta faim, console-toi et prends patience : j'ai d'autres jolies lectures à te faire partager, et il y en a pour tous les goûts, mais ce sera pour une autre fois...

La grande exposition d'été consacrée aux gravures de Christiane Vielle ferme ses portes ce soir. Le temps  de décrocher les cadres, vider les vitrines, décoller les titres adhésifs et la place est à nous !

Ame sensible, tu l'auras compris, à partir de la semaine prochaine c'est montage. Trépigne, trépigne, trépigne.

Tout un été sans donner de nouvelles de mes sympathiques petites bestioles, ce n'est pas envisageable !

Voici les bébés araignées tout juste sorties de leurs oeufs. Elles sont encore agglutinées, mais on en voit déjà deux prètes à conquérir le vaste monde (ou s'installer confortablement sur nos murs et plafonds...).

Ame sensible,  rassure-toi : elles ne sont pas seules, la maman veille sur sa progéniture !

Autre sympathique créature, celle-ci croisée sur un sentier côtier, une chenille en pyjama rayé (eh, eh ! Même les chenilles sont victimes de la rayuromanie). Ses longs poils ne nous disent rien qui vaille...

Pendant la cueillette des mûres, il est fréquent de se retrouver nez à nez avec de magnifiques épeires diadèmes, elles aussi spendidement rayées. Mais photographier ou cueillir, il faut choisir !

Encore une chose à barrer sur la liste des choses essentielles à faire pendant l'été : la frise de silouettes est terminée.

Tandis que la couleur vive des personnages disparaît sous divers couches successives, le fond prend la nuance vert acide espérée...

Puis le brou de noix ponctué d'acrylique blanche intervient...

Ne reste alors qu'à terminer par un blanc transparent, aux faux-airs de gribouillages, ponctué de projections contrastées, le tout généreusement frotté au pastel sec et à la pointe titane pour augmenter encore l'impression de flou.

Au final, un tout petit riquiqui format, 85 x 32 cm, qui correspond exactement à ce que j'avais envie d'accrocher dans la salle de bain, à la place de la tête de Bouddha qui nous observe depuis 2007...

Ame sensible, je te l'accorde, l'accrochage est confidentiel : il faut lever la tête en sortant de la douche, dans le flou de la condensation et en l'absence de lunettes.

Notre découverte du Finistère nord, il y a maintenant quelques jours, nous a mis en présence d'une multitude d'effigies de dragons, de formes et d'expressions diverses. Rien que sur les photos prises à Lampaul-Guimiliau et Saint-Pol de Léon, j'en ai compté une bonne cinquantaine,  et il est certain qu'un grand nombre m'a échappé...

Dragons sculptés, sur les statues, sur les gisants. En bois polychrome, en vitrail ou fresques murales, aussi. Ceux accompagnant Saint-Pol sont avenants, souvent hilares. Ce dernier les a pourtant décimés, c'est ce qui a fait sa renommée !

Le "dragon-peluche" dans la cathédrale, au faît du "fameux" baldaquin (je ne remets pas la photo, tu peux t'en mettre plein les mirettes avec le message du 16 août). J'espère qu'il n'avait pas pour mission d'être terrifiant, parce que c'est raté !

Rien à voir avec la représentation du dragon terrassé par Saint-Michel. Celui-ci ressemble plus à un diable, et est d'ailleurs souvent affublé de cornes. Démon, dragon, Saint-Michel est réprésenté aussi bien avec les uns qu'avec les autres. Sachant que le dragon symbolise le diable et le paganisme, on y est.

 Celui de gauche, armé de becs d'oiseaux aux coudes et genoux, provient de l'église Saint-Nonna, à Penmarc'h (je m'entraîne : cherchez l'intru...).

Sur un des retables, une femme piétinant elle aussi un dragon nous questionne. Y aurait-il d'autres saints aux attributs dragonnesques ?

Il s'agit de Sainte-Marguerite, ou sainte-Marine, dont la légende veut qu'elle soit avalée par un dragon dont elle sortira indemne. Y aurait-il un quelconque rapport avec Sainte-Marine, à Combrit ? Aucun, il y est question de Saint Mauran. Bien essayé !

Sainte-Marguerite est, elle aussi, présente à plusieurs reprises dans la cathédrale de Saint-Pol de Léon. J'aime son expression concentrée sur son bouquin, un pied monchalemment pose sur la tête du dragon. "Dis dragon, tu veux que je te raconte une histoire ?"

Ame sensible, tu me feras remarquer qu'il manque Saint-George pour que le tableau soit complet. Je n'ai pas l'impression de l'avoir rencontré, à moins de l'avoir confondu avec Saint-Michel, ce qui est de l'ordre du possible ! Je me demande, malgré tout, si Saint-George n'est pas sur un cheval ?

C'est la rentrée des... des... des quoi, d'abord ? C'est la rentrée des moi ! La petite pose campagne est terminée, vive les pavés et la clim. Enfin, pas de panique, on reste en Finistère, quand même ! Et puis, ce n'est pas tout à  fait le bagne, je vais retrouver une Super Equipe et une Super expo en passe de se concrétiser... Bon alors, on s'y met ?

Ame sensible, prépare-toi, les semaines à venir vont-être mouvementées ! Pour satisfaire ta légitime curiosité, je te le confirme, les charmantes chaumières de carte postale ont été photographiées à Penmarc'h, à proximité de la chapelle de la Madeleine. Joli souvenir de vacances...

Parties pour une journée de vadrouille, nous commençons par retourner voir l'exposition Giacometti, à Landerneau, où nous faisons face à une foule inattendue, pour ensuite redescendre vers Le Faou et rejoindre Landevennec en empruntant le pont incurvé de Terenez. Avant d'aller plus loin, nous pique-niquons sur le port, installées sur un banc, un peu à l'écart d'un grand et joyeux groupe de marcheurs qui n'est pas sans nous rappeler certains amis de la nature...

Nous reprenons notre périple en commençant par la visite de l'ancienne abbaye de Landevennec. Personnellement, j'y suis venu assez souvent pour que les lieux me soient familiers. Nous nous attardons dans l'exposition temporaire, intitulée "les petits labos de l'archéo", suffisament bien conçue pour que chacun puisse s'essayer à dater, mesurer, reconstituer... une fois les consignes comprises !

Nous voici donc passées "expertes" en Carpologie, xylologie, palynologie et anthracologie !

Impossible de ne pas faire une petite visite dans le musée de l'abbaye, qui relate son histoire longue de près de 13 siècles et expose de nombreux manuscrits moyenâgeux(en fac-similé !). Et là, oh ! Surprise ! Je ne retrouve pas la page du cartulaire format XXL habituellement exposée. Pour tout dire, il n'est plus montré nul part. D'autant plus étonnant quil est, par contre, vendu en carte postale dans la boutique souvenir... Mais on le savait déjà, tout est bizarre avec ce cartulaire.

J'apprécie à une plus juste mesure les différentes maquettes reconstituant l'édifice aujourd'hui ruiné, car depuis l'épisode de la maquette du couvent des cordeliers (le couvent ou ce qui en restait a été rasé au XIXe siècle, la maquette a brûlé en 1939 dans l'incendie du musée, ne restent que des photographies de la maquette); je disais donc, que depuis le casse-tête pour comprendre l'implantation de l'ancien couvent, j'apprécie l'aide fournie par les reconstitutions en volume.

Nous terminons en déambulant dans les ruines où, bien que les panneaux explicatifs aient été doublés par de grandes tables pédagogiques, nous restons parfois perplexes. Malgré de gros efforts d'imagination, il est parfois difficile de reconnaître certaines pièces, d'autant que les siècles se juxtaposent... Chambre d'hôtes, vous avez-dit chambre ?

La journée est peu avancée, et notre intention initiale était de clore le circuit par une balade à Châteaulin, sur les bords de l'Aulne, mais d'avoir tant piétiné et tant observé, ces deux visites, aussi différentes soient-elles, nous ont sciées ! Ame sensible, n'ait pas de regret, le chemin de halage ne va pas s'envoler, ce sera pour une autre expédition...

A quelques kilomètres d'Auray, Sainte-Anne d'Auray nous a étonné par bien des aspects. Garées non loin du sanctuaire, les abords, consacrés aux boutiques et librairies catholiques, nous ont un peu mis la puce à l'oreille. Une fois sur l'esplanade le la basilique, l'envergure des lieux et la taille des différents monuments nous a impressionnées... Tout est fait pour accueillir des foules de pélerins. Des masses, des flots, des hordes... Fuyons !

Parmi tous les monuments qui constituent le sanctuaire, nous sommes venues voir le mémorial en mémoire des victimes de la Grande Guerre, planté au bout d'une immense allée.

Tout est démesuré. Du sommet du mémorial, nous voyons la basilique, elle aussi massive. Son histoire est d'ailleurs tout à fait intéressante, depuis l'apparition, au début du XVIIe siècle, de Sainte-Anne à Yvon Nicolazic, pauvre paysan habitant un hammeau à proximité du lieu (et dont on peut visiter la maison...), et la bataille qui s'ensuivit pour faire accepter aux autorités religieuses la création d'un lieu de culte, alors même que la ferveur populaire enflait...

Si la seule visite de la partie aérienne du monument ne suffit pas à te plomber, la descente dans la crypte est saisissante. Immense, d'une grande froideur, entourée de sept alvéoles contenant les statues des saints des sept évêchés, nous nous transformons en petites souris et filons d'ici...

Le cloître des Carmes est, lui, plus chaleureux. Partout sur les murs, parfois jusqu'au plafond, des ex-votos en marbre blanc, classés par date. Là aussi, la démesure...

Sur un des panneaux expliquant la création du site, une carte postale de la construction du mémorial est reproduite.

Son profil n'est pas sans rappeler celui du projet initial, qui, en 1919, envisageait la création d'un monument au sommet du Mont Saint-Michel de Braspart, à côté de la chapelle des bergers. Sans entrer dans les détails, Agrall y a à voir, mais pas en tant qu'architecte. Non, pour une fois, il n'y est pour rien ! Mais il a soutenu le projet...

Tant qu'à être dans le monumental, voici également l'avant-projet de la chapelle de la Reconnaissance, à Dormans, dans la Marne, que j'ai trouvé dans la presse de l'époque. Le goût était décidemment aux toits ovoïdes ! La basilique du Sacré-Coeur, à Montmartre, a été consacrée en 1919... (Stoooop ! Là, on va faire se télescoper Abgrall et Max Jacob ! Ces deux-là n'ont pu que se rencontrer !)

Ame sensible, toi aussi tu te réjouis que ce mausolée soit à Sainte-Anne d'Auray, épargnant ainsi au paysage du Mont et de ses alentours une énorme verrue disgracieuse ? C'est qu'un truc pareil, on l'aurait vu de loin...

Le port-musée, c'est bien dehors, mais il y a aussi plein de choses à l'intérieur...

Le "vestiaire", installations textiles de Cécile Bornes à base de cirés et toiles de voiles. J'ai été soufflée par une installation murale à base de tetra-briques rejetées par les flots, mais juste inphotographiable... (ouh le vilain mot pas beau)

Des pirogues, des coracles (hello Saint Branban), des épaves, des moteurs, des gilets de sauvetages... tout ça, tout ça, tout ça... On juxtapose les époques et tous les points  du globe...

La maquette du port de Douarnenez...

Le ciel étoilé de l'expo "Dans le sillage de Sinbad" avec croquis et carnets de voyages (ça sent le clou de girofle !)...

...et les legos ! Plein de legos ! L'expo temporaire sur l'histoire du transport maritime que je croyais terminée est encore visible.

Ame sensible, c'est un vrai kaleidoscope maritime, ce musée !